jeudi 28 août 2008

Extrait du livre.


"Tsongor ne pleurait pas. Non. Il lui semblait voir passer une colonne de fous. Assoiffés de sang. Il se tenait immobile. Et n’essayait même pas de les appeler. Que du mépris. Il n’avait que du mépris pour ces combattants qui s’étaient tués jusqu’au dernier. Non. Il ne pleurait pas. Les morts, en passant devant lui, le sentirent et baissèrent la tête. (...) Tsongor les laissait passer devant lui sans esquisser un mot, sans essayer de les enlacer et d’embrasser, une dernière fois, leurs tempes. La honte, alors, les saisit. Ils allèrent vers la rive, sans plus rien espérer. Tsongor les regarda disparaître. (...) Il était sûr, maintenant, que Samilia n’était pas parmi eux. La colère devint plus forte encore. Il parla alors, en direction des damnés. De sa voix de pierre. Avec le courroux des pères offensés. (...) La troupe disparut lentement. Aucun d’eux n’osa se retourner. Tsongor resta là. Seule ombre à ne pouvoir traverser." (pp. 191-192)